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L’ agriculture urbaine

Nourrir les villes autrement?

Lorsque l’on entend l’expression “agriculture urbaine” pour la première fois, on y voit une contradiction. La majorité d’entre nous sommes conditionnés à voir l’agriculture comme étant une activité à laquelle on s’adonne dans les régions rurales, non dans les villes. Dans la plupart des cas on ne peut vraiment pas démarquer l’endroit où prennent fin les activités de nature agricole même si certains urbanistes souhaitent qu’il en soit ainsi et perçoivent toujours ces espaces de production alimentaire comme étant des espaces non urbains, sous-entendant ainsi qu’ils ne sont pas leur problème mais plutôt de celui de quelqu’un d’autre. La notion d’Agriculture urbaine brouille les frontières entre les villes et la compagne. Les enjeux soulevés par cette dernière sont multiples, se chevauchent et sont interreliés.

 

À qui appartiennent les terrains ? Qui peut les utiliser ? Sont-ils sûrs ? Quel est le degré de sécurité d’occupation ? Il s’agit là de questions fondamentales, tant pour les spécialistes de l’agriculture urbaine que pour les responsables de politiques et les urbanistes. Mais pouvoir tirer pleinement profit des avantages de l’agriculture urbaine, les villes devront être en mesure de répondre à une question clé : de quelle superficie de terrain parle-t-on vraiment, et où se trouvent ces terrains ? Une analyse sur les espaces libres dans nos villes révèle clairement qu’il existe dans la majorité des villes beaucoup plus d’espace disponible que ne l’admettent généralement les administrateurs municipaux et les représentants élus. Il y a notamment les terrains vacants, les terrains publics autour de bâtiments tels les écoles et les hôpitaux, les propriétés non bâties et les terrains abandonnés. La première chose à faire est donc de faire un inventaire de tous les terrains de la ville qui pourraient servir à une certaine forme de production, que celle-ci soit permanent ou temporaire. L’évolution qui a marqué les politiques en matière d’agriculture urbaine au cours des dernières décennies donne lieu à une satisfaisante conclusion : contrairement à une perception fortement répandue, l’agriculture urbaine n’est ni le vestige transitoire d’une culture rurale en voie d’extinction, ni le symptôme malheureux d’un développement urbain stagnant. Par contre, elle joue un rôle important parce qu’elle y assure un certain niveau de sécurité alimentaire. Elle peut éventuellement participer à la diversification des revenus à une population urbaine très souvent déminue et en rapide croissance.

L’agriculture urbaine et développement durable ?

Toutefois l’intégration de l’agriculture urbaine au tissu urbain ne peut se faire sans tout d’abord reconnaitre l’importance de cette pratique dans la vie des citadins et pour la salubrité de l’environnement. En faisant appel à l’expertise de leurs propres services, des institutions locales, des citoyens, les autorités municipales pourront formuler les politiques voulues pour relever de nombreux défis de manière globale et équitable. L’agriculture urbaine s’inscrit bien dans ce cadre répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Elle est aussi une activité économiquement viable, socialement équitable et écologiquement tolérable. Ce type de pratique permet en outre de reverdir les espaces urbains, de ramener un peu de vie et de lutter contre la pollution de l’air.

L’Agriculture urbaine :      Un pilier pour la sécurité alimentaire dans les villes?

Faisant face à un boom démographique imminant, l’Agriculture Urbaine s’assure alors une place dans l’esprit des citadins. L’objectif étant de se nourrir mais surtout bien se nourrir à des prix raisonnables. Les produits issus de cette agriculture sont le plus souvent constitué de légumes avec notamment le microjardinage qui se pratique de plus en plus. Ce procédé permettrait à des foyers de disposer eux même d’un potager à l’intérieur de leur maison et d’en prendre soin. Ce type d’agriculture prend son essor partout dans le monde et même à Dakar grâce à son aspect pratique. Cela ne rend pas « autosuffisant » en légumes, loin de là mais permet de s’assurer soit même de la qualité de ses légumes et de la provenance de sa nourriture. Elle permet aussi de faire face à la flambée brusque des prix en cas de pénuries, ce qui est monnaie courante dans les villes. En effet, les produits venant des zones rurales sont plus chers du fait du trajet parcourut.

Dans les villes les plus urbanisées tels que New York ou Paris, des citadins s’organisent pour créer des potagers privés. Ceci permet de subvenir à leur besoin sans pour autant avoir à s’en occuper tout le temps.

Les jardins potagers peuvent être jusqu’à 15 fois plus productifs que les exploitations des zones rurales, explique la FAO. Ceci est d’autant plus vrai car l’objectif ici étant l’intensification des parcelles cultivées.

En résumé, il nous est indéniable aujourd’hui de recourir à l’agriculture urbaine pour réduire les attentes vis-à-vis des ruraux. Ses avantages sont multiples même si elle se heurte à un urbanisme non conventionnel surtout dans les villes africaines comme Dakar, Abidjan, Lomé… Ceci n’est pas encore dans nos cultures mais son adoption se fait petit à petit. Mais quel qu’en soit son envergure, il n’est pas possible ni souhaitable que l’agriculture urbaine rendent les villes autosuffisantes par leurs propres productions.  Ce qu’il est important de retenir c’est que la transition écologique pourrait venir de là. Les attentes des citations sont de plus en plus grandissantes vis-à-vis de la qualité de ce qu’ils consomment. C’est une porte vers des aliments plus sains, une amélioration de la santé  et de l’espérance de vie de nos concitoyens.

Mouhamet Sylla

Ingénieur Agronome,

Spécialisé en Génie Rural